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"Normes, modèles et transferts"

Problématique

La mondialisation est souvent associée à la diffusion, à l'imposition ou à l'importation de modèles, voir d'un modèle dominant. Cette analyse en terme de transferts de modèles traverse toutes les activités sociales et politiques au point qu'on pourra aussi bien parler de modèles alimentaires ou hygiéniques, qu'institutionnels et normatifs, que comportementaux ou professionnels. La mondialisation pourrait alors s'interpréter à travers la capacité de certains modes d'organisation sociale à s'imposer comme modèle imposés et/ou désirés dans tous les secteurs de l'activité humaine. Il s'agit de travailler autour du thème "des modèles et des normes de la mondialisation et de la mondialisation des modèles et des normes ² dans le contexte bien particulier des afriques. A partir de ce jeu de mots, c'est un ensemble de questions très complexes qui s'ouvre :

  • Existe-t-il un ou plusieurs systèmes de références sous le vocable mondialisation ? Y-a-t-il cohérence entre secteurs, espaces, échelles territoriales ? La mondialisation correspond-elle à des formes ³ légitimées ² de mises en forme de l'activité sociale ou pas ?
  • La mondialisation conduit-elle à imposer une uniformité de modèles ou au contraire à rendre disponibles une forte diversité de modèles susceptibles de multiplier les choix ouverts aux acteurs ?
  • Peut on identifier un principe de différenciation territoriale des modèles de mondialisation donnant naissance à des modèles locaux, hiérarchisés ou non ?

Cette hypothèse permet de s'interroger :

  • d'abord sur les conditions de transformation de certaines productions sociales en modèles à prétention universalisantes : quelles sont les trajectoires de ces productions , existe-t-il des espaces privilégiés de cette construction ; la notion de domination suffit-elle a caractériser les conditions de la construction des modèles et de leur transfert ? ne doit elle pas être associée aux stratégies de recherche des avantages comparatifs menés par des acteurs disposant désormais de plus d'informations et de capacité de recyclage géographique et professionnel beaucoup plus fortes qu'auparavant (voir le marché international des infirmières Espagne, UK, RSA, Zambie, Cuba... ; ou des top managers...). Ces interrogations ne sont pas nouvelles et renvoient à un ensemble de travaux portant aussi bien sur le mimétisme que sur la recherche des innovations fournissant des avantages majeurs comme le faisaient certains travaux de Parsons (seed-bed societies et universels d'évolution) ou comme nous incite à le penser la sociologie historique (B.Badie, C.Tilly, Q.Skinner, notamment).

  • La question de la diffusion et des modalités de diffusion des innovations à vocation mondialisante ou s'imposant comme telles permet de s'intéresser à la fois aux flux de modèles, à la recherche des acteurs et producteurs de ces modèles, à l'étude de la différenciation des modèles par espace ou secteurs, par niveau territorial et à leur pertinence par rapport aux savoirs locaux auxquels ils se confrontent. L'interrogation sur les flux conduit à concevoir ces modèles comme émanant aussi bien du sud que du nord, la domination de la zone de production variant selon les secteurs sociaux ou les innovations concernées.

  • Ensuite sur la réception de ces innovations et les capacités de jeu qui sont ouvertes : Les importations érigées en modèles peuvent-elles s'imposer sans subir des transformations liées à leur importations ? Comment s'établit le jeu innovations importées/représentations de ces innovations ? les systèmes normatifs légaux ont ils une plus forte capacité d'imposition que les autres types de modèles ? Cette réception va t-elle donner lieu à des stratégies cohérentes de réappropriation ou va t-elle se réaliser par un investissement aussi éclaté que la diversité des sociétés réceptrices ? Bref, existe-t-il un modèle (culturel, institutionnel, comportemental...) de réception des modèles ? Le modèle exclut-il l'innovation ? Peut-il être transformé sans subir des mutations qui le vident de son sens et permettent éventuellement de l'exporter à nouveau ? Peut-il être invalidé et remplacé par un autre modèle tout aussi ou plus pertinent par rapport au contexte où il s'inscrit ?

    Composition de l'atelier

    Responsable scientifique :

    • Isabelle GOBATTO, maître de conférence, université Victor Segalen, Bordeaux 2;

    Rapporteur :

    • Mahaman Tidjani ALOU, professeur à l'université du Niger, Niamey;

    Participants :

    • Mwatha NGALASSO, professeur, université Montesquieu Bordeaux 3, CEAN;
    • Philippe AUVERGNON, directeur de recherche, CNRS, COMPTRASEC Bordeaux ;
    • Jean-Marie TCHAKOUA, université Yaoundé II, Cameroun ;
    • Luc SINDJOUN, professeeur, université de Yaoundé, Cameroun ;
    • Paul TCHAWA, université de Yaoundé, Cameroun ;
    • Ousmane SIDIBÉ, professeur, université du Mali ;
    • Amos MINAH, professeur, université de Dar Es Salam, Tanzanie.